Nous avons mené récemment des tests utilisateur sur le nouveau site web de prévention santé “MMMieux” du groupe MGEN.

L’accessibilité est un sujet crucial pour le groupe MGEN, c’est pourquoi nous avons intégré des adhérents malvoyants et non-voyants aux tests utilisateurs.

Quelles sont les spécificités pour préparer un test utilisateur avec des participants non et malvoyants ?

Même si les différences s’avèrent finalement moindres qu’on pourrait se l’imaginer, il y a quand même quelques précautions à prendre pour bien préparer ce type de test.

En voici quatre :

  1. Installation technique : il est préférable de demander aux participants d’apporter leur propre matériel intégrant leur solution de lecture ou de zoom d’écran, solution qu’ils ont personnalisée selon leurs besoins, plutôt que de configurer un appareil classique.
  2. Le recrutement des participants a été mené via des forums spécialisés et avec l’aide d’un partenaire spécialisé.
  3. Maitrise des outils informatiques : il est important de sélectionner des personnes à l’aise avec leur solution de lecture web. En effet, la maîtrise de ce type de logiciel n’est pas forcément intuitive pour tout le monde. Comme pour les personnes voyantes, certains ne vont utiliser que 10% des capacités de l’outil, surtout quand ils ne font pas partie de la “génération digitale”.
  4. Durant les sessions de test nous recommandons de faire assister le participantpar un expert non-voyant. Ainsi, notre ergonome était à même de correctement identifier les problèmes rencontrés par le participant, et de l’aiguiller sans le guider lorsqu’il rencontrait trop de difficultés.

 

Quels sont les principaux éléments à risque pour les non et malvoyants ?

Lors de la rédaction du guide pour les tests utilisateur, il est possible de créer les parcours en fonction des éléments à risque identifiés. Comme pour les voyants, on observe en premier lieu comment les non-voyants appréhendent l’univers global du site.

Pour les malvoyants, il faudra surtout faire attention au niveau de saturation des couleurs et la bonne disposition des éléments (ex : que le formulaire ne pas trop éloigné du champ par exemple). En effet, les utilisateurs malvoyants ont en général recours à un logiciel qui “zoome” automatiquement l’écran et ne leur permet d’apercevoir le site que morceau par morceau, rendant difficile la reconstruction spatiale de sa structure.

“Par exemple, notre participant nous a dit que le fil d’ariane ne ressortait pas assez, ce qui est important pour un malvoyant, afin qu’il puisse se repérer sur sa position dans le site. » Julie Caffa, consultante Axance

Le menu est le premier élément que va utiliser le participant afin d’avoir une idée du contenu du site. Les non-voyants ont besoin de se construire une représentation mentale du site avant de se diriger vers une des catégories ou des pages. A noter qu’ils utilisent les raccourcis clavier pour afficher le plan du site.

“ Le méga-menu est courant chez beaucoup de sites de e-commerce. Les non-voyants ne peuvent pas savoir si le menu est déployé ou pas, et sans la souris, ce n’est pas possible, puisqu’ils naviguent à l’aide des tabulations.” Julie Caffa

Pour les non-voyants, les éléments suivants peuvent poser problème :

  • les champs de recherche : il faut éviter de remplacer le bouton “rechercher” par un icone avec une loupe car le champ ne sera pas visible, à moins de le décrire dans le code lui-même (recommandé par notre expert Matthieu Froidure)
  • la structuration des données : par exemple lorsque les titres ne font pas partie d’une balise H1, mais seulement présentés graphiquement comme des titres.
  • les images : si elles ne sont pas compréhensibles indépendamment du contexte
  • les média : si leur type (vidéo, graphique, image) n’est pas précisé

« Les infographies sont des images et le texte est non lisible par les utilisateurs non-voyants. Il suffit d’ajouter un texte explicatif sur l’infographie pour la rendre accessible. » Julie Caffa

Pour le test de MMMieux par exemple, la lecture d’une vidéo faisait partie des missions des utilisateurs non-voyants. Aussi simple que cela puisse paraître, il suffit d’un oubli de balise pour que l’internaute ne trouve nulle part la vidéo mentionnée dans un article.

 

Inclure des utilisateurs non-voyants dans les tests utilisateur, une démarche encore isolée

“Les tests menés par Axance nous ont permis de confirmer que notre site était accessible aux principaux intéressés et ont révélé des optimisations précises pour le rendre réellement intuitif pour les non ou malvoyants, ce qui est essentiel pour le groupe MGEN. » Eric Chenut, vice-président délégué aux questions de santé, sanitaires et sociales MGEN

Actuellement en France, 1,7 million de personnes souffrent d’une déficience visuelle mais seulement moins de 1 % des déficients visuels se servent d’interfaces d’ordinateurs (reconnaissance vocale, écran tactile, synthèse vocale). La démarche d’accessibilité des entreprises reste donc encore rare, cependant c’est un sujet qui prend de plus en plus d’importance dans la sphère du web et ailleurs.

 

Cet article a été rédigé avec l’aimable aide de Matthieu Froidure, président « Nouvelles technologies » de la CFPSAA (Confédération Française pour la Promotion sociale des Aveugles et Amblyopes) et lui-même non-voyant.

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